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Comment le biomimétisme inspire la création de produits numériques responsable ?

Rédigé par Mathilde Husson | 7 septembre 2022

Avec les enjeux environnementaux de plus en plus importants dans le numérique, nous avons voulu pour cette rentrée vous en résumer les grands principes dans notre article : pourquoi et comment s’inspirer de la nature pour concevoir des produits numériques ?

Le biomimétisme : de quoi s’agit-il ?

Depuis 4 milliards d’années, les êtres vivants qui nous entourent évoluent, survivent et s’adaptent aux situations les plus extrêmes. Peut-être est-il temps de s’y intéresser ?

Le biomimétisme (littéralement imitation du vivant), c'est l'art de s'inspirer et de collaborer avec la nature pour innover de manière durable et soutenable afin de répondre aux enjeux de notre époque.

Selon Marion Simon et Thomas Dupeyrat il y a 3 manières de s’inspirer de la nature :

  • Par les résultats de l’évolution : c’est le biomimétisme de structure.
    Exemple : en observant les nageoires des baleines, des ingénieurs ont pu améliorer le rendement énergétique des éoliennes.
  • Par les processus évolutifs : c’est le biomimétisme de procédés.
    Exemple : en observant les algorithmes des fourmis, on a obtenu les GPS d’aujourd’hui.
  • Par les recettes des succès : c’est le biomimétisme d’écosystème.
    Exemple : les racines de champignons communiquent des informations aux autres végétaux, on parle alors de Wood Wide Web, un parallèle évident avec le World Wide Web.

Approche en plein essor, la bio-inspiration nous pousse à considérer la Nature en solutions et non plus seulement en problèmes. Comment ? En repensant nos systèmes de conception pour rendre des futurs réels plus souhaitables et plus durables.

Le concept de base est maintenant posé, découvrons comment le biomimétisme va permettre de créer des produits au service d’un numérique éthique, inclusif et écologique.

 

Le biomimétisme et le numérique en 2022


Un produit numérique est un organisme vivant

Oui, les fourmis et les champignons peuvent aider les concepteurs de produits numériques.

En effet, les produits numériques ne sont pas des objets inertes et froids. Ils sont interactifs, ils évoluent, tout comme les êtres vivants qui nous entourent.

Et dans un futur où les conditions environnementales seront différentes, notre ordinateur ou notre smartphone devra s’adapter. Alors pourquoi ne pas miser sur le vivant pour nous y aider !


Comment arrive-t-on à faire du numérique responsable qui soit bio-inspiré ?

Selon Marion Simon et Thomas Dupeyrat, le numérique responsable bio-inspiré s’articule donc autour de 5 points : local, durable, sobre, résilient et systémique.


> Local

Dans la nature tout est local, l’énergie, les matières premières, tout se cherche localement. Les castors ne vont pas importer leur bois des pays de l’Est, ils vont le chercher au plus près de leur barrage.
Dans le numérique, c’est exactement la même chose : les données doivent être stockées et échangée en circuits courts et fermés avec une énergie produite localement.


> Durable

Dans un futur bio-inspiré, les produits doivent être solides, évolutifs et auto-régénérant (pensez à notre peau quand on se coupe…).
Au niveau des produits, on peut par exemple construire des produits décomposables, avec des mises à jour plutôt qu’un remplacement de matériel.


> Sobre

Dans la nature tout est fait pour être peu consommateur d’énergie. En plein désert, les termitières ont développé une forme qui leur permet une ventilation naturelle et l’assurance d’une température assez fraîche. Pourquoi ne pas utiliser cette technique pour refroidir les serveurs de manière naturelle ?
Nos futurs usages numériques devront faire preuve de sobriété. Ne pas laisser un écran allumé en arrière-fond juste pour faire une présence par exemple.


> Résilient

Dans la nature tout est fait pour s’adapter et faire place à la vie qu’importe les conditions de changement. Ici, la diversité et la décentralisation sont les clés de ce futur basé sur le biomimétisme. Par exemple, en diversifiant les cultures on minimise le risque de perdre toutes les récoltes si une maladie survient.
C’est exactement la même chose dans le numérique : si tout est basé sur des serveurs AWS et qu’Amazon tombe, quelles seraient les conséquences ?


> Systémique

Tout fonctionne en écosystème dans la nature et le design doit fortement s’en inspirer. Il faut cesser de penser individuel, utilisateur seul mais plutôt penser groupe, communauté, écosystème en général.
Par exemple en réalisant des cartographies des parties prenantes et des impacts de nos conceptions numériques. En effet, on peut penser résoudre un problème pour un utilisateur et finalement se rendre compte que l’on a juste décaler le problème sur quelqu’un ou quelque chose d’autre.



Imaginez donc demain votre ordinateur avec un écran sans reflet car il est fait en cellule pigmentaire de pieuvre, protégé par une coque inspirée des carapaces des scarabées diaboliques cuirassés et qui pourra stocker la charge pendant plus d’un an grâce à une batterie façon anguille électrique. Attirant non ?
Et si cet ordinateur n’est pas pour tout de suite, le numérique doit être de plus en plus au service de la résolution des challenges environnementaux en prenant en compte son propre impact mais aussi ses bénéfices.
Le biomimétisme doit nous permettre de changer de posture et de retrouver l’envie de se reconnecter au vivant.

Si ces concepts vous intéressent, les auteurs de la conférence ont conçu ce document collaboratif pour référencer les exemples d’adaptation du vivant et leurs correspondances numériques.

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Crédit photo : mvaligursky