Derrière chaque atelier de co-conception (ou de design thinking) réussi se cache un savant équilibre entre méthode, énergie et humanité. Avant même de manipuler les post-its ou les tableaux blancs, il faut d’abord que les participants se sentent à l’aise, écoutés et impliqués. Et c'est précisément le rôle des icebreakers. Ces activités, souvent courtes, ludiques, mais toujours stratégiques, permettent en effet de briser la glace entre les membres d’un groupe et d’installer un climat propice à la créativité et à l’intelligence collective.
En design thinking comme dans tout projet collaboratif, un bon icebreaker agit comme un déclencheur. Il ouvre le dialogue, fédère les participants et prépare le terrain aux échanges de fond.
Mais revenons sur ce qui fait un bon icebreaker, comment le choisir et le planifier, et analysons plusieurs retours d’expérience concrets issus des ateliers menés par Adimeo.
Commençons par définir l’activité icebreaker. En anglais, on parle d’ice-breaker ou « ice-breaking » pour désigner une activité « brise-glace ».
Concrètement, il s’agit d’une activité ludique de courte durée (entre 5 et 20 minutes) utilisée pour lancer un atelier, une réunion de travail, un séminaire ou une formation. Bien plus qu’un simple moment pour détendre l’atmosphère, son objectif est de contribuer à dissiper la gêne souvent présente au début d’un atelier et à installer une dynamique collective dès les premières minutes.
Un bon icebreaker est donc une mise en mouvement du groupe. Il crée du lien, suscite la curiosité et facilite les échanges entre des participants qui ne se connaissent pas toujours. C’est un exercice simple, souvent déconnecté du sujet principal de l’atelier, mais qui prépare le terrain à la collaboration.
Dans un atelier de co-conception, cette phase initiale est essentielle, car les participants arrivent avec des profils, des niveaux d’expertise et des postures variés. L’icebreaker agit alors comme un terrain neutre où chacun peut trouver sa place. Il permet au facilitateur de poser le cadre et d’amorcer la transition vers les activités de conception collective et les échanges.
Pour résumer, un bon icebreaker agit comme un déclencheur de dialogue. Il libère la parole et crée un espace d’expression collective dès les premières minutes d’un atelier de design thinking.
L’icebreaker n’est pas un simple moment de détente. Il joue plusieurs rôles essentiels à la réussite d’un atelier de design thinking.
Comme nous venons de le voir, il permet en premier lieu de créer une ambiance propice à l’échange dans le groupe, car durant les premières minutes d’une session, la gêne ou la retenue peuvent freiner la participation. Un exercice brise-glace abaisse ainsi ces barrières et encourage chacun à prendre la parole.
Ensuite, il sert les objectifs de l’atelier. En design thinking, un atelier ne vise pas uniquement à produire des idées, mais à stimuler la réflexion collective. Un bon icebreaker prépare le groupe à adopter le bon état d’esprit : ouverture, écoute, collaboration.
Enfin, il contribue à renforcer la cohésion. En amenant les participants à partager une expérience commune dès le départ, il crée un sentiment d’appartenance et de confiance, soit deux leviers essentiels pour favoriser l’intelligence collective.
Dans certains cas, les icebreakers peuvent aussi être utilisés en cours d’atelier pour relancer l’énergie d’un groupe. Ces exercices, appelés energizers, servent à « réveiller » l’attention après une pause ou une séquence plus dense. Ils aident à maintenir la concentration et à restaurer une dynamique positive.
En bref, l’icebreaker prépare le terrain de la réflexion collective, en aidant le groupe à passer d’une simple réunion à un véritable moment de co-création.
Pour être efficace, un icebreaker ne s’improvise pas. Sa réussite repose donc sur une préparation rigoureuse, même si son apparente simplicité peut faire croire le contraire.
Le premier critère à considérer est le moment. L’activité doit être programmée à un instant où tous les participants sont disponibles, attentifs et prêts à s’impliquer. En début d’atelier, elle marque le coup d’envoi et donne le ton ; en milieu de journée, elle peut servir de respiration ou apporter un regain d’énergie.
Le second critère concerne la durée. Un icebreaker trop long risque de diluer l’attention et de retarder la progression de l’atelier. À l’inverse, un exercice trop court peut manquer d’impact. Il faut ainsi ajuster sa durée en fonction du nombre de participants et du temps total de la session.
Enfin, le facilitateur doit anticiper le concept et sa mise en œuvre : présentiel ou distanciel, matériel nécessaire, espace disponible (ex. taille de la salle), consignes à donner, interactions à encourager, etc. Une activité simple, rapide à expliquer et engageante est souvent la plus efficace.
Choisir le bon icebreaker implique de trouver l’équilibre entre les objectifs des différentes activités menées dans le cadre d’un atelier de design thinking, le contexte et le moment.
Avant tout, il faut identifier les liens existants entre les participants. S’agit-il d’une équipe qui se connaît déjà ou d’un groupe constitué pour l’occasion ?
Le facilitateur (= animateur de l’activité) doit ensuite relier le choix de l’activité à l’objectif du moment. Si l’atelier vise à stimuler la créativité, mieux vaut choisir un jeu d’association ou de projection qui libère l’imaginaire. Si le but est d’améliorer la communication, un exercice d’écoute ou de collaboration sera plus approprié.
Le cadre a lui aussi son importance. En présentiel, les interactions physiques et les déplacements sont possibles. En distanciel, les outils numériques (Miro, Klaxoon, Zoom, etc.) ouvrent d’autres possibilités. L’essentiel est d’adapter la forme à l’environnement, à la taille du groupe et à l’énergie du moment.
Enfin, il faut éviter les écueils les plus fréquents, comme des règles trop longues à expliquer, une activité déjà vue mille fois, ou un exercice qui met mal à l’aise.
Pour faire simple, le meilleur icebreaker est celui qui s’efface au profit de son objectif, à savoir préparer le groupe à collaborer efficacement.
Il existe une multitude d’activités brise-glace, des plus introspectives aux plus dynamiques. Le choix dépendra toujours du moment, du public et des objectifs de l’atelier de design thinking. Voici une sélection d’ice-breakers simples, éprouvés et facilement adaptables.
Cet icebreaker met en avant la créativité individuelle et la découverte mutuelle.
Chaque participant partage avec le groupe son « super-pouvoir imaginaire » et explique en quoi celui-ci serait utile dans le contexte du projet en cours.
L’activité dure environ 10 minutes et fonctionne idéalement pour 10 à 20 participants. L’exercice invite chacun à parler de soi avec humour et recul, tout en révélant sa façon d’aborder les défis collectifs. Il s’adapte parfaitement à des ateliers d’amorçage ou de design thinking, aussi bien en présentiel qu’à distance.
Ici, l’objectif est de stimuler la réflexion et d’encourager la prise de parole.
Chaque participant rédige une question (sérieuse, amusante ou décalée) en lien avec le thème du projet ou de l’atelier. Les questions sont ensuite collectées, mélangées et redistribuées aléatoirement. Chacun lit la question qu’il a tirée au sort et y répond. Notez que la réponse apportée peut être individuelle ou collective.
D’une durée de 15 minutes, ce jeu est idéal pour favoriser l’échange et la spontanéité dans des groupes jusqu’à 20 personnes. Il est particulièrement adapté au présentiel, mais peut être revisité en ligne avec des outils collaboratifs.
Une activité à fois créative et collaborative comme « l’histoire en 5 mots » est parfaite pour réveiller l’imaginaire d’un groupe de travail.
Les participants se placent en cercle et construisent ensemble une histoire dans laquelle chacun ajoute, à son tour, 5 mots pour prolonger cette dernière.
D’une durée de plus ou moins 10 minutes, cet icebreaker s’adapte à toutes les tailles de groupe.
Derrière son apparente simplicité, ce jeu développe l’écoute active, l’agilité mentale et la cohésion du groupe. Il peut être mené aussi bien en présentiel qu’en distanciel et se conclut très souvent dans la bonne humeur.
Cet atelier favorise la découverte mutuelle et met en avant les points communs entre les membres du groupe.
Le principe ? Chaque personne doit identifier une caractéristique partagée avec chacun des autres participants, sans jamais répéter les mêmes similitudes. Les échanges, très souvent spontanés, encouragent l’écoute, la curiosité et la reconnaissance mutuelle.
L’activité dure environ 15 minutes et convient particulièrement aux groupes d’une vingtaine de personnes. Elle fonctionne mieux en présentiel, mais peut aussi être adaptée à des formats hybrides ou à distance.
Cet exercice, plus énergique, relève de la catégorie des energizers. Il permet de remobiliser l’attention et de stimuler la coopération au sein du groupe.
Concrètement, un ou deux arbitres établissent une liste d’objets à trouver (dans la salle, les bureaux ou à proximité). Les participants disposent ensuite d’un temps imparti pour rapporter un maximum d’éléments de la liste.
Cette activité, modulable selon les objectifs et la taille du groupe (jusqu’à 50 personnes), introduit du mouvement, de l’énergie positive et une bonne dose de compétitivité bienveillante. Elle peut être organisée en présentiel ou en distanciel, selon le niveau de complexité recherché.
Bien sûr, cette sélection n’est qu’un aperçu parmi la grande variété d’icebreakers qui existent. L’essentiel à retenir, c’est que chacune de ces activités contribue à sa manière à créer du lien, libérer la parole et poser les bases d’une intelligence collective efficace. Leur réussite dépend tout de même de la capacité du facilitateur à les adapter au contexte, au public et à l’énergie du moment.
Dans la partie suivante, nous partageons quelques retours d’expérience issus des ateliers menés par notre équipe, où ces activités ont largement démontré leur impact sur la cohésion et la créativité des groupes.
Au sein de notre agence Adimeo, nous avons pu mettre en place plusieurs activités icebreakers, notamment lors d’ateliers d’exploration des besoins. Analysons ici quelques retours sur notre expérience.
Lors d’un projet de refonte d’intranet, nous avons mené plusieurs focus groups pour recueillir les besoins usagers du futur intranet. Pour cela, nous avons débuté chaque focus group par une activité ice-breaker.
Nous avons ainsi utilisé des illustrations d’un jeu de société nommé Dixit et demandé aux participants d’associer leur intranet à l’une des images. Puis, nous avons fait un tour de table en leur demandant de se présenter (prénom, poste, lieu), de dire l’image choisie et d’expliquer pourquoi. Cette activité a pris environ 7 minutes.
Ce fut une activité préambule qui a non seulement permis de préparer les participants à réfléchir sur la vision de leur futur intranet, mais aussi d’accueillir les participants qui se connaissaient déjà au préalable, de commencer sur un fonctionnement collaboratif et de fonctionner par photolangage.
Dans d’autres ateliers de recueil de besoins, nous avons eu recours à la météo du jour comme ice-breaker. Cette activité consiste à demander à nos participants leur état d’esprit avant le déroulement de l’atelier. Une telle interaction permet d’installer un climat de confiance entre les participants et de favoriser les échanges. C’est en plus une activité très rapide à mettre en œuvre, puisqu'elle prend environ 5 minutes.
Lors d’ateliers de recueil des besoins, nous avons adapté l’ice-breaker du portrait chinois pour initier les échanges. Nous avons proposé aux participants de réfléchir à ce que la marque de l’entreprise représentait pour eux, en leur demandant de l’associer à des concepts tels qu’un animal, un sport, etc., et d’inscrire leurs idées sur des post-its. Ensuite, chacun s’est brièvement présenté avant de partager ses réponses et d’expliquer ses choix.
Cette activité, facile à mettre en œuvre et ludique, a permis de valoriser la créativité des participants et de les laisser exprimer leur perception de la marque. Ces informations nous ont été particulièrement utiles, car l’une des problématiques du client résidait dans sa difficulté à communiquer clairement son identité à travers son site Web. Cet ice-breaker a donc constitué un point de départ judicieux pour comprendre comment les utilisateurs voyaient ladite marque.
Bien choisis, les icebreakers favorisent l’échange, la créativité et la cohésion, même si leur efficacité repose avant tout sur la manière dont ils sont animés et adaptés au contexte. Voici nos derniers conseils pour les utiliser avec justesse et en faire de vrais leviers de dynamique collective.
L’efficacité d’un icebreaker repose autant sur le choix de l’activité que sur la manière dont elle est animée.
Le rôle du facilitateur est central. Il donne le ton, incarne l’énergie du groupe et installe le climat de confiance qui permettra aux échanges d’exister. Un sourire, une voix posée, une consigne claire et l’ambiance change instantanément. Selon le profil des participants, il devra ajuster sa posture et se montrer encourageant sans être infantilisant, ou direct sans être autoritaire.
Les consignes, elles, doivent rester simples, car une activité réussie se comprend vite. Si le groupe passe plus de temps à décoder les règles qu’à participer, la dynamique collective s’essouffle.
Le facilitateur veille également à bien conclure l’exercice. Un court débriefing, une phrase de transition ou un lien explicite avec le sujet de l’atelier suffisent à reconnecter les participants au travail à venir et à capitaliser sur l’énergie créée.
Tous les icebreakers ne conviennent pas à toutes les situations. L’art de la facilitation consiste justement à choisir celui qui servira le mieux l’objectif du moment.
Dans une réunion de cadrage, il s’agira souvent de mieux connaître les participants et d’identifier leurs rôles. Dans un atelier de créativité, l’objectif sera plutôt de libérer l’imagination et d’amorcer une réflexion collective. Et dans un atelier de priorisation, on privilégiera des activités qui favorisent la coopération et la discussion.
Souvent, ces deux derniers ateliers (de créativité et priorisation) sont menés conjointement. Il convient donc de choisir un icebreaker aligné sur les objectifs de la séance et la dynamique du groupe.
À noter aussi qu’à distance, les contraintes changent. Il faut maintenir l’attention malgré l’écran et éviter les silences trop longs. Les outils collaboratifs offrent malgré tout des alternatives efficaces (sondages express, nuages de mots, associations d’images, mini-quizz, etc.).
Avec le temps, certains groupes peuvent éprouver une forme de lassitude face aux icebreakers. Les classiques (portrait chinois, bingo collaboratif ou jeu du prénom) sont ainsi susceptibles de perdre leur fraîcheur.
Plutôt que de les abandonner, il ne faut pas hésiter à les renouveler et à les ancrer dans le contexte du projet (anecdote d’équipe, objet symbolique, question ouverte).
Ce qui compte, c’est le sens. Un facilitateur expérimenté saura sentir l’énergie du groupe et choisir une approche adaptée.
Ce qu'il faut retenir, c’est que les icebreakers visent à détendre, stimuler ou fédérer. Ce ne sont pas de simples jeux d’introduction, mais au contraire, de véritables leviers de collaboration, capables de transformer un groupe de participants en une équipe soudée, prête à créer ensemble.
Chez Adimeo, nous les intégrons systématiquement à nos ateliers de design thinking pour encourager la confiance, l’écoute et la créativité dès les premières minutes. Bien choisis et bien animés, ces moments d’échange favorisent l’intelligence collective et renforcent la dynamique du projet.
Crédit photo : zamrznutitonovi