La dette technique est un sujet récurrent en développement informatique. C’est un peu la bête noire des développeurs, car elle est inévitable.
La dette technique est le résultat des différents compromis réalisés lors de l’écriture du code (généralement pour des raisons de gain de temps), comme l’absence de test ou de documentation. Peuvent alors survenir des bugs ou des incidents à l’utilisation, ce qui pèse sur la production, l’expérience utilisateur et la capacité d’innovation des équipes.
S’il est impossible d’éliminer totalement la dette technique, il reste néanmoins envisageable de la réduire au maximum afin qu’elle ne devienne pas un frein majeur.
C’est ici que la TMA (Tierce Maintenance Applicative) intervient, et plus particulièrement la TMA proactive. Pensée comme un bouclier plutôt que comme un simple service de support, elle protège le patrimoine logiciel, optimise la qualité et réduit le coût global du projet. On vous explique comment.
Avant d’expliquer comment la TMA peut agir comme bouclier, il est essentiel de comprendre ce qu’est réellement la dette technique, d’où elle vient et pourquoi elle peut fragiliser durablement une application.
La dette technique est une métaphore empruntée au domaine financier pour illustrer les compromis pris dans le développement logiciel. Elle s’apparente à un prêt bancaire avec le capital et les intérêts.
Chaque raccourci ou compromis technique (code bâclé, absence de tests, solutions temporaires) représente le capital de la dette. Si aucune correction n’est apportée, la dette s’accumule et engendre des intérêts sous forme de bugs, de complexités, de retards et de coûts supplémentaires.
Plus vous laissez ce code non optimisé, plus les modifications futures seront longues et risquées, comme si vous payiez des intérêts sur ce prêt. En outre, les évolutions seront plus lentes et la maintenance plus coûteuse. Cela étant dit, la dette technique peut se travailler en parallèle d'une évolution, par exemple, lors de la montée de version d’un CMS.
Autrement dit, prendre des raccourcis aujourd’hui peut coûter beaucoup plus cher demain, exactement comme un crédit à taux élevé. La dette technique repose donc sur une notion de choix à court terme et d’impact à long terme.
La transition entre le développement et la TMA est une phase critique. Quand un site ou une application Web est développé par un prestataire tiers et qu’un autre prestataire gère la maintenance, la passation d’informations peut laisser des zones d’ombre (perte de connaissances, l’absence de standards, un code non documenté). Ce sont autant de sources potentielles de dette technique.
À l’inverse, un projet géré de A à Z (développement et maintenance) par le même prestataire favorise la traçabilité et limite ces risques.
On peut distinguer plusieurs types de dettes techniques :
La dette technique n’apparaît pas par hasard. Elle résulte d’un ensemble de pratiques, de contraintes organisationnelles et de choix techniques, dont :
Une dette technique non maîtrisée agit comme une bombe à retardement. Ses impacts sont multiples et comprennent :
La TMA regroupe un ensemble de services visant à maintenir et à améliorer en continu les applications d’une entreprise. Pour cela, elle prend plusieurs formes :
Comme vous le constatez, la TMA n’est pas seulement un service de support. C’est une gestion globale du cycle de vie applicatif qui combine correction, optimisation et évolution.
Or, la TMA est trop souvent réduite à un simple « service de réparation » qui intervient en urgence lorsqu’une application ne fonctionne plus ou mal.
Cette approche traditionnelle, bien que nécessaire dans l’immédiat, est insuffisante pour contrer la dette technique (accumulation invisible de dette, frein à l’amélioration continue, risque stratégique, problème de sécurité, etc.).
Sortir de la vision traditionnelle implique donc de penser la TMA comme une solution préventive et proactive, capable d’assurer la pérennité et l’optimisation des applications Web et métiers sur le long terme. C’est ainsi que la TMA devient un levier stratégique.
Comment lutter contre la dette technique ? Le mieux est d’en créer le moins possible, évidemment. Mais cela ne suffit pas, car même en appliquant les meilleures pratiques, la dette technique est inévitable.
Et c’est justement dans la réduction de la dette technique que la TMA proactive joue un rôle clé, en assurant une amélioration continue des applications.
L’un des grands atouts d’une TMA bien structurée est sa capacité à détecter les problèmes avant qu’ils ne deviennent critiques, grâce à la mise en place d’un monitoring et à un suivi régulier de la qualité du code et de la performance des applications.
Cela inclut des tests automatisés, des audits réguliers et l’utilisation d’outils pour détecter les vulnérabilités, les redondances ou le code obsolète. Poursuivez votre lecture avec notre article : « Comment mettre en place un contrôle qualité pour votre projet Web ? »
Bon à avoir : Il existe des outils qui aident à la détection, la classification et la résolution de défaut dans le code source, comme SonarQube, Review Board, Crucible (outil collaboratif) ou encore CodeScene.
En parallèle, le suivi des KPI techniques (dette technique, couverture des tests, vélocité de correction, etc.) et des KPI métiers (disponibilité, satisfaction utilisateur, temps de mise en production, etc.) permet d’avoir une vision globale et mesurable de l’état de l’application.
Cette surveillance permet de détecter les dérives avant qu’elles ne deviennent critiques, de limiter les coûts de correction et d’améliorer la sécurité et la performance.
La réduction de la dette technique passe par plusieurs actions ou outils.
Pour que la TMA soit vraiment un bouclier, elle doit fonctionner en étroite collaboration avec les équipes métiers et techniques. Cela passe notamment par :
Et si la véritable valeur de la TMA ne résidait pas seulement dans la correction des bugs, mais dans sa capacité à façonner l’avenir du code et à rendre chaque évolution plus fluide, plus sécurisée et plus stratégique ? Plutôt que de subir la dette technique, les entreprises pourraient transformer chaque choix et intervention en un levier stratégique pour renforcer leur agilité, leur innovation et leur capacité à anticiper les défis de demain. Les entreprises doivent ainsi repenser la TMA afin de ne plus la voir non comme un coût, mais comme un investissement capable de libérer du temps, favoriser l’innovation et préserver la pérennité de leurs applications. D’autant plus qu’une TMA proactive garantit une TMA moins coûteuse.
Crédit photo : Munthita Lamlue