
Google AI Overview arrive en Europe : la fin du SEO et du clic ?
Cela fait maintenant plus d'un an que la future évolution de Google, l’AI Overview, est dans toutes les bouches. On vous en parlait déjà à cette époque, lorsque les premiers essais de l'outil aux États-Unis (et ses premiers ratés) faisaient la une de la presse tech dans le monde entier. Inutile de dire que depuis, le leader des moteurs de recherche a peaufiné son outil, jusqu'à annoncer son arrivée massive dans plus de 200 pays et 40 langues fin mai 2025.
Si, pour le moment encore, la France fait figure d'exception (sans qu'on sache trop pourquoi), la Belgique, la Suisse et l'Europe tout entière doivent désormais s'accommoder de l’AI Overview dans leurs résultats de recherche. Or, il va sans dire qu’à cause de ces réponses générées automatiquement à chaque requête d’un utilisateur, la visibilité et le trafic des sites Web sont en chute libre. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les premiers retours des éditeurs sont alarmistes quant à l'avenir d’internet tel qu'on le connaît. On fait le point.
C’est quoi l’AI Overview ?
Si l’AI Overview plane au-dessus du Web français depuis une bonne année maintenant, il faut remonter encore plus loin pour constater à quel point Google travaille sur son projet d’IA de recherche depuis un long moment. En effet, c'est dès la conférence I/O du 10 mai 2023 que Google SGE avait été dévoilé, annonçant alors les prémices de ce qu’est devenu l’AI Overview.
Concrètement, cette fonctionnalité consiste à utiliser l'intelligence artificielle pour générer des réponses personnalisées aux requêtes des utilisateurs, et ce, tout en haut de la page des résultats de recherche. Par exemple, si vous faites une recherche comme « Qu'est-ce que le RGPD ? », l’AI Overview de Google analyse des ressources sur le sujet et croise les informations obtenues pour proposer une réponse aussi succincte que possible. Et le tout, en quelques secondes !
Pour accomplir cette prouesse, Google s'appuie sur son outil IA phare, Gemini, capable de comprendre les requêtes contextuelles des utilisateurs. Celui-ci tire ensuite ses réponses depuis une multitude de sources, qu'il s'agisse de sites Web ou contenus récemment indexés, de son knowledge graph (sa base de données qui contient des milliards d'informations), de documents académiques ou institutionnels, etc.
Mais ce n'est pas tout, puisqu'il est également possible d'entretenir une conversation directement dans la page des résultats de recherche. Si vous souhaitez poser une question plus précise après la réponse obtenue, vous pouvez le faire sans avoir à cliquer sur le lien d'un site Web ou à changer de page. Car oui, désormais, l'intelligence artificielle est apte à mémoriser les échanges.
AI Overview : quel futur pour les sites Web et le SEO ?
Il va sans dire que si l'arrivée des AI Overviews peut sembler être une bonne nouvelle pour l'expérience utilisateur, cette fonctionnalité ne fait pas que des heureux, en particulier du côté des éditeurs de sites. Effectivement, de nombreuses voix s'élèvent pour condamner le détournement du trafic opéré par Google avec cet outil. Et cette peur se base sur des chiffres très concrets.
Un taux de clic en berne
Vous vous en doutez, si Google propose des réponses personnalisées aux utilisateurs directement dans la page des résultats de recherche grâce à ses AI Overviews, les internautes n’ont plus aucun intérêt à se rendre sur les sites pour creuser leur sujet. Il en résulte donc inévitablement une perte de trafic significative pour les sites Web, et ce, bien que les impressions augmentent. C'est mathématique.
Les premiers retours de nombreux éditeurs confrontés à cette fonctionnalité vont d'ailleurs en ce sens. Ainsi, d'après Similarweb, il y aurait d'ores et déjà 20 % de clics en moins sur les résultats de recherche. Une tendance confirmée par la plateforme Ahrefs qui affirme que les pages habituellement bien positionnées sur Google enregistrent désormais un taux de clic moyen inférieur de 34,5 % (lorsqu'elles sont face à une réponse générée par IA) par rapport à des requêtes similaires sans intervention de l’AI Overview.
Et la liste des exemples est encore longue, en particulier du côté des médias traditionnels directement impactés eux aussi. D'ailleurs, MailOnline ne s'en cache pas et évoque une baisse de 48 à 56 % de son taux de clics sur ses articles exposés à l’IA. Pire encore, chez Business Insider, l'effondrement brutal du trafic entraîne une restructuration globale et le licenciement de 20 % de son personnel.
Est-ce que cela signifie que c’est la fin des sites Web ? Nul ne le sait. Certains experts estiment que ces derniers vont surtout devenir des bases de données pour robots et IA, avec quelques exceptions pour ceux qui, d'une manière ou d'une autre, parviendront à tirer leur épingle du jeu. Mais le modèle traditionnel et le SEO sont sur le point de connaître un bouleversement majeur. C'est une certitude.
Des nouvelles habitudes de lecture
Comme évoqué ci-dessus, depuis l’arrivée des AI Overviews (parfois raccourcis en AIO) dans les résultats de recherche de Google, les études se multiplient pour mesurer leur impact sur le trafic et le SEO. À ce titre, une récente étude UX de Growth Memo, sur la base de 70 sessions utilisateurs filmées, lève le voile sur les nouveaux réflexes de lecture induits par la présence de ces blocs générés par l'IA.
Et une fois de plus, vous ne serez pas étonné d'apprendre que l’AI Overview modifie profondément l'attention des internautes. En effet, la majorité des utilisateurs se contentent de lire la partie visible des réponses données par l’IA. Ils ne scrollent pas et ne cliquent pas vers les résultats organiques, ni même vers les sites Web proposés en sources. Le constat est sans appel : Google AI Overview et sa réponse frontale déclenche une forme de passivité, puisque les données communiquées sont considérées comme suffisantes.
Notons que lorsque les utilisateurs choisissent de cliquer sur des liens, ils le font principalement vers des plateformes de contenu, comme Reddit ou YouTube. Autre constat inquiétant, les éditeurs traditionnels sont largement mis de côté, une dynamique encore plus marquée sur mobile où la navigation est plus rapide et où la confiance accordée à l'intelligence artificielle est plus spontanée.
Mais attention, tout ce que nous venons d'aborder concerne principalement les utilisateurs les plus jeunes, ceux qui se situent dans la tranche d'âge des 18-24 et 25-34. De leur côté, les utilisateurs plus âgés, qui naviguent principalement sur ordinateur, montrent davantage de prudence et explorent bien plus souvent les sources citées par les AI Overviews.
Quelles solutions SEO pour contrer l’AI Overview ?
Si l'arrivée prochaine en France de l’AI Overview ne fait aucun doute, l'enjeu change pour les professionnels du SEO et du contenu. Effectivement, il ne va plus seulement être question d'apparaître en bonne position dans les résultats de recherche. Dès lors que l'outil sera effectif, il faudra surtout réussir à être intégré dans la liste des liens sources de la réponse générée. La première position organique ne garantira plus d'être vu ou visité.
En d'autres termes, cela implique de devenir une ressource pour l'intelligence artificielle et de proposer un contenu qui se prête à son fonctionnement (clair, crédible, aligné avec l'intention de recherche et facilement recyclable par les IA génératives). L’UX de l’information s’oriente donc vers des formats plus synthétiques, pensés pour être lus... ou simplement retenus par l’IA.
Si vous voulez en savoir plus sur les techniques d'optimisation pour l'IA, qui seront très probablement effectives pour la technologie Google AI Overview, rendez-vous dans cet article sur le GEO, annoncé comme le futur du SEO. Vous verrez que la clé réside peut-être dans la production d'un contenu synthétique, mais riche en valeur ajoutée.
Est-ce que l’AI Overview est réellement fiable ?
Même s'il semble clair que l’AI Overview fera des heureux côté utilisateurs, et de nombreux malheureux côté éditeurs de sites, il est important de nuancer le succès de cette fonctionnalité. Bien que celle-ci soit prometteuse, elle présente des limites non négligeables.
D'une part, malgré une progression significative des outils IA, l'intelligence artificielle générative paraît rencontrer une sorte de plafond de verre lorsqu'il s'agit de la fiabilité des informations communiquées. Alors que les premiers tests de l’AI Overview aux États-Unis montraient que l'outil hallucinait, l'IA continue encore aujourd'hui de produire des réponses incorrectes ou biaisées. Peu importe que ses sources soient fiables, elle peut mal interpréter les données. Le risque d'erreur est donc réel.
D'autre part, bien qu'elle comprenne les requêtes contextuelles, l’IA n'a pas de compréhension réelle du sens de nos propos. Elle détecte des motifs statistiques, mais reste très mauvaise lorsqu'il s'agit de saisir les nuances. C'est pour cette raison qu'elle donne souvent des réponses superficielles ou hors contexte, qui nuisent à la pertinence des contenus générés.
Et puis, comme Google l'a précisé, l’AIO dépend de sources de qualité pour générer ses réponses personnalisées. Mais tous les contenus du Web ne se valent pas. Loin de là. Si Google insiste sur le lien entre l’AI Overview et les contenus vérifiables, cette exigence reste tributaire de la qualité des contenus indexés. Or, si Google n'indexait que des contenus de qualité, cela se saurait...
Enfin, les questions de la responsabilité et de l'éthique en cas de contenus erronés ou nuisibles restent encore et toujours en suspens. Parce que même si Google a instauré un certain nombre de règles d'utilisation et de garde-fous, leur mise en œuvre reste perfectible et le risque zéro est loin d'exister.
En bref, l’AI Overview s'apprête à redéfinir en profondeur notre rapport à la recherche d'informations. Plus rapide, plus synthétique, mais aussi plus opaque, cette nouvelle fonctionnalité promet de transformer durablement les usages... au détriment de la visibilité des sites internet. Entre opportunité technologique et menace pour l'écosystème du contenu, l'avenir du SEO est désormais suspendu à une seule question : quelle sera la place des éditeurs humains dans un monde où l’IA synthétise leurs données ?
Crédit photo : Poca Wander Stock

